dimanche 10 février 2008

Chose vécue - Un petit accident...








La photo est floue. Nécessairement floue par la sous-exposition chronique dont souffre mon studio. (Par ce biais, je me donne l’atour des ours. J’ai un peu de leur morphologie. Beaucoup de leur caractère nonchalant.) Mais l’on comprendra tout de même, j'espère…

Car outre cela, j’aime l’image. Le clavier maculé de sang ; comme une ode triste, d’un romantisme malséant parce que suranné. Elle fait artiste. De notre ère technologique. Elle fait venue de loin, de nocturnes acides : elle persiste dans l'esprit, presque lancinante : imaginez l’ouvrier de l’angoisse, enfermé dans sa lubie, recommençant et ressassant sans cesse les mêmes mots-notes ; toujours insatisfait du résultat. Jouer du piano jusqu’à ce que les doigts saignent. Venue de plus loin encore, vraisemblablement. Mais fausse. Fausse puisque, sinon inventée, du moins tout à fait réinvestie à partir d’un très simple accident. Sans gravité. Une légère coupure. Accident domestique. Accident de cuisine. Je ne retiendrai que l’image. Peut-être…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'accident que tu te permets de détourner démontre que l'art et la pensée naissent du néant, que l'on peut créer à partir de rien, se retrouver en permanence ici et partout, sans jamais y être réellement non plus. De par ton texte tu apprivoises ce que tu appelles la poésie technologique. Choisir l'art, c'est transformer l'éphémère en constant en ne perdurant que dans l'intant; cet instant qui pousse à écrire et qui fait vivre des moments qui n'existent pas. Continue de voir ce qu'on ne voit pas, tu le fais très bien.